Tout cela fait que je dois faire des choix qui ne sont pas forcément ceux
utilisés dans la reconstitution historique. Pour autant, j’ai vraiment souhaité
faire la recherche dans ce sens, afin de rester la plus logique et cohérente
dans le but de m’éloigner le moins possible de la fameuse robe à tassel du XVe
siècle.
Avant de rentrer dans les détails de la réalisation de cette
robe (qui m’a fait avoir quelques crises de nerfs… Velours mon amour…),
j’aimerais un peu vous parler de ma démarche de costumière.
J’admire énormément les personne faisait de la reconstitution historique,
d’ailleurs tous les blogs, articles en parlant, que ça soit francophone ou
anglophone, m’ont énormément aidé dans ma recherche préalable. Mais dans le
rôle de la costumière de spectacle vivant, j’ai des contraintes qui ne sont pas
forcément celles de quelqu’un travaillant pour lui-même : le budget (qui
n’est pas le mien, mais celui de la cliente), le temps (qui coûte aussi de
l’argent, et surtout, j’ai beaucoup d’autres commandes), la volonté de la
cliente, etc.
Après avoir réalisé la cote, je suis passée à la robe
d’apparat, la fameuse robe du dessus.
La robe à tassel a évolué au fil des ans. Si, en 1460, elle
est ample à l’instar de sa grande sœur la houppelande, elle s’est de plus en
plus ajusté au niveau du corsage et des manches. C’est cette forme, du début
des années 1470 que nous avons choisi.
La robe à tassel est la plupart du temps taillée dans des tissus très riches car c'est un marqueur de société. Plus la robe est "chère", plus on montre sa richesse. Nous avons choisi un velours de coton taupe, plutôt qu'un brocard pour des questions de budget et d'entretien. Nous avons décidé de ne pas la
doubler au niveau de la jupe, comme cela pouvait être le cas. Néanmoins pour
protéger le corsage, il est doublé de coton ainsi qu’au niveau des
manches (normalement du lin, mais question timing/budget, ça ne passait pas).
Il a fallu ensuite décider de la forme de l’encolure du dos
et du système de fermeture. Cela a été la grosse problématique de cette robe.
- Quel type
d’encolure à l’époque ?
A part rechercher et étudier le plus de visuels d’époque possible, il n’y a pas
36 solutions pour trouver la réponse. Néanmoins, ce n’est pas aussi évident que
cela de trouver des visuels de ces dames de dos. L’excellent site Cadieux
Mediumaevum a compilé un grand nombre d’images, il n’est malheureusement plus en ligne. Vous pouvez néanmoins le consulter depuis WayBack Machine (http://cadieux.mediumaevum.com/burgundian-gown.html)
Avant toute chose, il est important de préciser que la robe
à tassel ne se ferme jamais dans le dos par un laçage, à l’instar de toutes ces
consoeurs de la même époque ! Les laçages dans le dos n’apparaitront qu’au
début du XVIe siècle (certes, seulement qu’une décennie après… mais tout de
même !)
Il est clair que le dos n’est pas symétrique au devant,
sinon comme tiendrait la robe au niveau des épaules ? De plus il n’existe
aucun visuel d’un décolleté de dos aussi profond.
En général, cette encolure est arrondie, plus ou moins profonde, ou encore en
un V profond mais très resserré au niveau de la nuque. Il y a dans tous les cas
un revers de fourrure qui tombe en pointe ou en forme de Y.
Pour des raisons d’économie de fourrure (que nous avions en petite quantité),
nous avons essayé de faire une petite forme en V, mais nous n’avions clairement
pas assez pour laisser pendre ce revers.
Illustration : Marie Vibbert |
Si notre dos n’a pas d’ouverture et la robe étant très
ajusté juste au niveau du buste, il faut bien une ouverture pour laisser passer
les épaules et/ou les hanches (on a testé, ça ne marche définitivement
pas !). Après étude de plusieurs portraits et des toujours très bons
documents des Marie(s) Vibbert et De Rasse, l’ouverture semble se faire milieu
devant (au niveau de la pointe du décolleté) et se prolonge jusqu'au nombril.
La fourrure descend parfois jusqu’au bout de cette ouverture (et donc dépasse
de la ceinture), mais il semble que ce soit ou bien une évolution du temps, ou
une question de goût. Dans notre cas, notre robe étant tardive et n’aimant pas
ce détail, pas de pointe fourrée !
Quant au moyen de fermer cette ouverture, il n’est
clairement pas apparent. On peut supposer une fermeture par agrafe ou par un
lacet fermé bord à bord, dont els points d’accroches sont à l’intérieur de la
robe. C’est cette dernière solution que j’ai choisie, ayant peur que les
agrafes pas assez tendues ne s’ouvrent intempestivement.
Nous avons réalisé une ceinture de 7-8 cm de large afin de bien souligner la
taille et d’affiner le buste. Elle était certainement à l’époque en cuir, ou
bien en cuir recouverte d’un tissu pour lui donner la solidité nécessaire.
N’ayant pas de cuir sous la main (et ne travaillant pas le cuir rigide), je
l’ai réalisé en 2 couches de coutil épais, recouvert d’un très beau brocard de
chez Sartor, acheté à Pontoise en 2013.
Nous avons fait réaliser une boucle en métal typique des ceinture de robe à Tassel, malheureusement, nous n'avons pas eu le temps de la fixer pour les photos.
Enfin, nous avons décidé de la longueur de l’ourlet au
dernier moment.
A l’époque, la traine arrière était très trèèèès longue afin
de démontrer sa richesse. Le devant de la robe l’était également (jusqu’à
traine à terre sur quelques centimètres), obligeant les dames à relever leur
robe en exposant ainsi leur cote, ce qui était d’ailleurs un geste de
coquetterie !
Pour des soucis pratique, nous avons préféré réaliser un ourlet sur el devant frôlant le sol afin que Clémentine puisse marcher sans risque. Pour derrière, nous avons laissé un ample traîne d'environ 1,50m.
Relevé de traîne obligatoire... |
Voilà ! Notre recherche s’est en réalité étendue sur
plusieurs jours, bien plus que ne semble le montrer ces articles. Mais
clairement, je n’ai pas le temps d’en rédiger plus :'(
Au passage, même si le velours semble le plus beau choix, je
précise également, que c’est une horreur à gérer. Toutes les coutures
d’assemblage (au niveau de la jupe et du corsage) ont été réalisées à la main
au point arrière, et solidifier par un point machine, une fois sure que ce
fichu velours ne bougerait plus.
Place aux photos !! Prochain article : le Hennin qui n'en est pas un :)
Félicitations ! C'est du très bel ouvrage !!
RépondreSupprimerC'est magnifique ! Avez vous utilisé un patron en particulier ?
RépondreSupprimerBonjour :) Merci beaucoup !
SupprimerNon pas de patron, ou alors je les réalise moi même. Dans ce cas présent, le corsage de la robe a été réalisé par moulage et la partie jupe en tracé direct sur le tissu.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerBonsoir,
RépondreSupprimerJ'aimerai faire une robe à tassel. Alors vous avez réalisé en premier la cote puis en second la robe d'apparat. Donc il n'y a que 2 "robes". Quel matière avez vous choisi pour la cote ?
Et pour le tassel, avez vous opté pour le bustier ?
Bonne soirée
Jehanne :)
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'adore ce magnifique travail (sur lequel je suis tombée par hasard récemment) et je me demandais comment faisait-on les œillets des ceintures à cette époque.
Bonne journée
Maïka :)
Bonsoir, je reste admiratif de votre réalisation. Bravo pour le réalisme . ❤️👍👏
RépondreSupprimer