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mardi 15 avril 2014

Atelier : Evolution de la corseterie chez Esaïkha Création

Dans le cadre de la préparation de la Trilogie Noob, j'ai été amené à refaire le costume de Pironess, et du coup de lui faire une petite mise à jour. J'ai changé les tissus, modifié la forme du corsage, fais des manches plus pratique et... refais le serre-taille :)

 



Ca a été l'occasion pour moi de voir l'évolution de mon travail, tout ce que j'avais pu améliorer en terme de corseterie et en 3 ans, mine de rien, pas mal de détails ont changé.
C'est l'occasion pour moi de vous présenter ces fameux détails :


1 : La doublure
Quand j'ai commencé, en 2009, je ne connaissais pas les textiles adaptés à la forte tension de la corseterie, ou je ne savais pas où les trouver. De ce fait j'utilisais un sergé de coton noir, certes résistant, mais pas assez sur le long terme. Depuis 2010, je n'utilise que du coutil 100% coton, textile spécifique à la corseterie qui ne s'étire pas du tout et résiste parfaitement à la tension !

2 : La triplure 
Et oui depuis 2012 mes corsets sont composés de 3 épaisseurs !
1 : le tissu d'ornement, à l'extérieur - 2 : un coutil "light" pour faire un aplat du tissu extérieur et le solidifier - 3 : la doublure en coutil épais, comme depuis 2010
Désormais je ne pourrais plus m'en passer :3
Détail intérieur serre-taille 2011
Avec une seule épaisseur de coutil, les baleines sont plus apparentes (et moins protégées), le serre-taille, moins rigide. Ce n'est désormais plus le cas.

3 : La ligne de taille en sergé
Bien que j'ai commencé à en mettre en 2011, ce n'est devenu obligatoire qu'en 2012. Kézako ?
C'est un ruban de sergé très tendu qui est cousu au niveau de la taille : cela permet de concentrer toute la tension provoqué par la réduction du tour de taille sur ce ruban extrêmement solide plutôt que sur les coutures.

Avant - Après : La tension est mieux répartie, plus de plis disgracieux à la taille et surtout, on évite la déformation.

4 : La double surpiqure des couloirs à baleine
Outre son aspect esthétique, elle renforce l'assemblage des pièces de tissus, évite que la baleine de métal ne se frotte directement à la couture d'assemblage. Elle évite également certains plis à la taille. Cette évolution a  eu lieu en 2011.

A partir de maintenant, on rentre vraiment dans les points plus techniques, qui sont moins évident à expliquer en "théorie"
5 : On donne du "rond"
Comme dans un stade, la piste extérieure est plus longue que l'intérieure, c'est pareil pour les différentes couches de tissu du corset. Le tissu extérieur parcourt plus de distance pour faire le tour du corps que la doublure. Résultat, si le tissu extérieur est moins solide que la doublure, il risque de se fragiliser, voire déchirer au niveau des coutures si on sert vraiment fort. Pour contrer cela, j'utilise une technique apprise en tailleur, on donne du "rond" au moment de l'assemblage.
Je n'ai désormais plus de problème de ce côté là depuis 2012.

2011, au niveau des flèches : le tissu a tiré et s'est abimé.  Grâce au "rond" et à la ligne de taille en sergé, problème résolu !

6 : La sous-patte baleiné
La sous-patte (ou modestie) est cette pièce de tissu positionnée sous le laçage pour protégé la peau. Au début je la faisais classiquement en tissus, cousu sur le coté du corset. Mais, très vite, elle se "ramollissait" avec la chaleur du corps, et elle plissait, ce qui devenait très compliqué à positionner, surtout si on se laçait seule. Depuis 2012, elle est baleiné (très légèrement) et est amovible. Double avantage, elle ne plisse plus, et se positionne mieux, en gardant une esthétique harmonieuse dans le dos, que l'on soit très serré ou pas.
Je développe actuellement une autre version de sous-patte, plus rapide à réaliser et donc moins chère. Je reprends le concept de la pièce de tissu cousue sur un des côtés du corset, mais elle sera en toile "piquée" c'est à dire que je fais une surpiqure tous les 5mm. Cela évite qu'elle plisse.
vous pourrez lors de la commande choisir l'une ou l'autre de ces modesties, selon votre budget.




On notera également que les œillets sont plus rapprochés à la taille, pour une meilleure répartition de la tension du laçage.


7 : Les modifications du patron
Si je n'ai jamais arrêté de modifier mes patrons pour les faire évoluer, j'ai récemment passé un nouveau cap : j'ai abandonné mon ancien patron de serre-taille, qui comprimait trop les côtes basses et j'utiliserais désormais un nouveau que je viens de réaliser ! Tiré de mes patrons de corset, modifier après divers tests et toiles d'essayage, il englobe mieux les côtes, réduit la taille tout en restant confortable et fait une courbe plus harmonieuse sur la taille et les hanches. J'en suis amoureuse !
Le serre-taille de Pironess est donc le premier prototype réalisé, et j'en suis assez contente :) J'ai encore des choses à améliorer, mais c'est surtout sur la forme des bords, assez faciles à corriger.
PS : J'ai déjà reçu des demandes et je le précise donc ici : je ne donne ni ne vends mes patrons. Ce sont des heures de boulot pour arriver à la forme que je souhaite et il s'agit de mon travail, de ma source de revenus. Je suis sûre que vous comprendrez ce que cela peut représenter pour moi :)


 Avec toutes les modifications apportées, le serre-taille se "tient" désormais tout seul. On peut le voir sur le mannequin plus petit que moi, il a déjà sa forme finale au niveau des hanches et des côtes sans avoir un "corps" qui lui donne son volume.


Voila les grandes modifications apportées sur tout ce qui est corseterie, et il y a d'autres changements mais plus infimes (certains tissus que je n'utiliserais plus jamais pour la corseterie par exemple...)

L'occasion par cet article de vous remercier de m'avoir fait confiance depuis toutes ces années, du début jusqu'à aujourd'hui !
On n'arrête jamais d'apprendre et d'ici quelques années, j'aurais je l'espère, encore amélioré mes techniques pour tenter d'arriver au niveau des créatrices/eurs que j'admire depuis si longtemps ! Et pour toutes celles qui commencent, persévérer, on évolue toujours :)

lundi 3 mars 2014

XIXe : Robe à tournure en soie 1872 - Inspiration SteamPunk

Voila la seconde robe à tournure réalisée :)

On peut la considérer comme une robe de fin d'après-midi ou éventuellement de soirée, avec son décolleté (bien que les épaules soient couvertes).

Elle est réalisée en shantung de soie cuivrée que j'avais trouvé chez Moline pour 13 €/m, une aubaine donc ! :D Elle est bien épaisse et a un superbe tombé.


C'est la tournure par excellence, assez facile à réaliser je trouve. Elle est réalisée en coutil blanc, et baleine en acier. Elle fournit un volume parfait pour les robes à tournure qu'on peut à la rigueur rehausser d'un petit coussin.
Cela dit, lors de la reproduction et de l'agrandissement du patron du livre, je devais être un tout petit peu en dessous du rapport des proportions, et elle devrait être tout petit peu plus grande.


Tournure - Bustle

    • Corsage en shantung de soie cuivrée. Patron Truly Victorian TV405
    Le patron TV 405 est régulièrement utilisé par différents costumiers, reconstituteurs, couturiers et de ce fait, on retoruve assez souvent les mêmes "visuels", même si pas les mêmes tissus et coloris. J'ai préféré modifier un peu la forme du corsage pour qu'elle soit un peu plus "originale" : je n'ai pas mis de col ou de revers de manche, j'ai également changé la ligne du bas du corsage.

    Détail du corsage : fermeture par agrafes et brides (encadré par deux baleines)

    Le corsage est baleiné avec des baleines en spirale d'acier (pour mieux suivre les courbes du corset). Si au début je pensais doubler entièrement le corsage, j'ai eu peur que ça ne tienne trop chaud (et surtout, plus moyen d'accéder aux baleines, etc). J'ai donc juste réaliser une parementure pour la partie basque du corsage. C'est 1. plus propre, 2. ça donne plus de tenu au tissu.
    Détail : intérieur du corsage Détail : parmenture de la basque


    • Jupe en shantung de soie. Patron B Truly Victorian TV208
    J'ai à nouveau voulu faire de grandes rangées de plis pour orner cette jupe. Mais plus larges, plus longs. Toujours bien enfermée dans ma crève (comme quand j'ai réalisée la première tournure), j'ai donc commencer à couper, ourler ces longues bandes de tissus. Puis je les ai plissé, vinaigré, etc. Et enfin je les ai épinglé sur la jupe. Et là...


    Vous la voyez là, la boulette ? Cette subtile nuance d'or entre les deux tissus ?
    Et voila. Au même moment, j'ai réalisé la visite en moire et doublure soie cuivrée présentée sur ce blog la semaine dernière. Et j'ai mis les coupons et chutes dans la même boîte. Avec la fièvre et la fatigue, je n'ai vu cette nuance qu'au moment d'appliquer les plis sur la jupe.
    Bref, la nuance jure, je ne vois que ça, impossible d'utiliser les plis sur cette robe.

    Avis aux amateurs : j'ai donc environ 8m de plissés prêts pour une robe victorienne...


    Petit détail de la jupe : j'ai cette fois conservé la traîne :) Sur les photos qui suivent, je l'ai rétracté pour qu'elle puisse être utilisée sans risque d'être abîmée.
    Elle est relevée au niveau du bouillonné du dos par une petite agrafe, ce qui crée un  pli qui se fond avec les autres.












    samedi 3 août 2013

    Exposition : "La mécanique des dessous"



    L'exposition


    Il y a quelques temps, j'ai profité d'un bref passage de Clara Maeda et d'une ancienne stagiaire Tamara pour aller voir l'exposition des Arts décoratifs "La Mécanique des Dessous"

    En allant voir la précédente expo (qui retraçait quelques siècles de Mode : Fashioning Fashion), j'avais vu cette affiche qui m'avait vraiment alléchée et j'attendais en grande hâte cette exposition.


    "La mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette" retrace des siècles d'artifices utilisés par les femmes et les hommes afin de redessiner la silhouette. Près de deux cents pièces de costumes rassemblant corps baleinés, paniers, crinolines, corset, tournure mais aussi le fameux pourpoint de Charles de Blois, des braguettes de la Renaissance, fraises et support, issus de collections françaises et étrangères (et de nombreuses pièces du Musée Galiera, actuellement fermé pour travaux).

    Corps à baleines, 1770-1780
    Paris, Les Arts Décoratifs, dépôt du musée de Cluny
    © Patricia Canino
    Justaucorps, vers 1730-1740
    Paris, Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile © Patricia Canino
    Faux-cul dit « strapontin », 1887
    Paris, Les Arts Décoratifs, collection UFAC
    © Patricia Canino


    Pourpoint de Charles de Blois © Lyon, musée des Tissus, photo Pierre Verrie



    Commentaires


    Une exposition très intéressante car elle passionnera un public averti qui découvrira en détail les secrets de certaines pièces historiques (que je n'avais jamais vu auparavant dans des livres ou sur internet) mais aussi un public nouveau mais curieux de découvrir ces artifices. Il est toujours amusant d'entendre des remarques du type "tu te rends compte, elles devaient certainement arrêter de manger !" ou bien "Non mais on ne peut plus bouger, c'est ridicule".
    Et bien pour contrer ces idées très déformées par la vision moderne de la mode d'aujourd'hui (et une bonne dose de films caricaturant cet habillement), une partie de l'expo "Habillez-vous" est au service du visiteur. Une douzaine de reconstitution de différents dessus sont disponibles afin que les visiteurs, à grand coup de scatch, gros zip et grand lacet puisse comprendre les volumes, la tenue et rigidité et aussi la manière de bouger.
     Je trouve ça génial de voir comment cela fait quand on tourne avec une crinoline, comment s'asseoir avec une tournure, comment ramasser son sac à terre en corps baleiné ou comment voir ce qui nous entour avec une fraise.


    Photo : Morgane Stampfer

    Photo : France 3 Ile de France



    En conclusion, quelques petites observations

    Les plus : Une exposition diversifiée, bien légendée, avec des spots publicitaires d'époque, des extraits de films mais aussi 5 reconstitutions articulés afin de voir ces pièces en mouvement ! (un corset en fer qui s'ouvre, un panier qui se replie sur les hanches, une crinoline qui descend au sol.
    Les moins : Des légendes mal placées quelques fois (très bas, dans l'obscurité)

    Je pense y retourner (surtout que je profite du tarif gratuit :P) afin de revoir quelques pièces en détail !

    Infos :
    • Le site des Arts Décoratifs (avec photos et vidéos)
    • Du 5 Juillet 2013 au 24 Novembre 2013
    • du mardi au dimanche de 11h à 18h
    • Tarif : 9,50 € (gratuit pour les européens de -25ans)



    Le livre de l'Exposition


    Contrairement à beaucoup de livres d'expositions, ce n'est pas juste un catalogue de photos des différentes pièces. Il est composé de textes d'historiens et de costumiers reprenant les thématiques de l’exposition, siècle par siècle.
    J'ai trouvé cela extrêmement intéressant, et surtout, très complémentaire de l'expo. Ces textes, qui occupent la majeur partie du livre, expliquent avec beaucoup de clarté l’utilisation des différents artifices mais aussi leur composition, qui les portait, dans quel cadre, etc.
    Ils sont illustrés de photos des pièces des Arts Décos bien sur mais aussi de pièces extérieures (qui pour certaines, ne peuvent être vues par le public du fait de leur trop grande fragilité), de publicité, d'extrait de la Mode Illustrée...





    J'invite toutes les personnes voulant apprendre à acheter ce livre, c'est une mine d'or d'informations (et très bien référencées, légendées, etc). Mais ne vous attendez surtout pas à un simple catalogue, toutes les pièces de l'expo n'y sont pas (ou en petites).